Le « plan agriculture » de Nicolas Sarkozy : bâti sur un système qui fait faillite.

Publié le par Section Pcf Vierzon

Réaction de Patrick Le Hyaric "Député Europeen" au « plan agriculture » de Nicolas Sarkozy

Face à une crise sans précédent, qui entraîne les petits et moyens agriculteurs ainsi que les jeunes vers une impasse dramatique, le Président de la République fait semblant, très tardivement, de s’occuper d’eux.

Les aides publiques qu’il annonce n’ont strictement rien à voir avec l’ampleur et la gravité de la détresse qui parcoure les campagnes. Il n’a d’ailleurs pas dit si ces sommes s’ajouteraient aux aides européennes ou pas.

Pire, en annonçant un mécanisme de prêt déjà promis par le ministre de l’agriculture, il ne fait qu’étaler et amplifier les difficultés dans le temps. Il ajoute de l’endettement à l’endettement.

Il peut certes déplorer  la baisse des prix à la production tandis que les prix à la consommation augmentent. Mais c’est lui qui a amplifié cette inadmissible distorsion. En effet, la loi dite « de modernisation de l’économie » affaiblit les paysans et renforce les quatre ou cinq centrales d’achat qui imposent des prix d’achat toujours à la baisse aux producteurs. Nous réclamons avec force le démantèlement de cette loi et la réécriture d’un texte permettant une régulation progressiste des prix à l’intérieur du territoire national. Ajoutons que le gouvernement pourrait utiliser le mécanisme dit du « coefficient multiplicateur limité », s’il le voulait. Il ne le fait pas car il sert les puissances commerciales et financières.

A l’opposé, le chef de l’Etat impulse, comme la Commission européenne  qu’il fait mine de critiquer, une orientation négative. Celle de la contractualisation de la vente entre producteurs et  centrales d’achat. Ceci renforcera l’intégration et donc l’exploitation du travail agricole par les secteurs en aval, particulièrement par l’industrie de transformation et les enseignes de supermarchés.

C’est tout le sens de cette expression répétée à souhait de « renforcement de la compétitivité de notre agriculture ». C’est aussi le sens de cette tentative de débaptiser les paysans pour les transformer en « entrepreneurs » et les acheteurs en « clients ».

Il n’y a pas d’issue véritable pour les petits et moyens agriculteurs, ni même pour l’idée européenne, sans un travail tenace, opiniâtre, argumenté pour la mise en place d’un prix minimum intra-européen, garanti pour une quantité donnée de production, à définir par les pays dans l’Union européenne. Au-delà de cette quantité définie, les prix pourraient être dégressifs.

Pas un mot du Président sur la nécessité de réguler la production, donc pour maintenir le système de quotas.

Pas un mot sur la nécessité de distribuer des stocks alimentaires aux associations de solidarité à la veille de l’hiver, alors que de plus en plus de gens ne mangent pas à leur faim.

Et puis ce mot « régulation » n’est utilisé que pour mieux camoufler l’acception de la liberté totale de circulation des capitaux et des marchandises, à l’origine des crises actuelles.

Pas un mot non plus sur la manière dont notre pays et l’Union européenne vont refuser la marchandisation à outrance de la production agricole et alimentaire dans les négociations de l’Organisation mondiale du commerce.

Le monde a besoin d’un vrai et audacieux projet agricole et alimentaire, basé sur une agriculture paysanne et les souverainetés alimentaires. La France devrait y contribuer en proposant à l’ONU une grande conférence mondiale agricole et alimentaire et pour le droit à l’alimentation pour toutes et tous.

Dans ce cadre, une nouvelle politique agricole européenne correspondant aux grands enjeux de notre temps, doit être inventée.

Elle ne doit pas se concevoir dans la concurrence, mais dans la coopération avec tous les peuples et les paysanneries du monde entier.

Au-delà de leur profession, les agriculteurs sont soucieux de l’avenir du monde et de la société, de son alimentation en quantité comme en qualité, de l’emploi, de la vie des territoires, de l’environnement, de la santé, de la solidarité internationale dans le cadre d’un nouveau système de coopération et de commerce équitable.

Tout ceci devient incompatible avec l’ultra libéralisme et le capitalisme.

Or, il est urgent de reconnaître le travail agricole comme une mission d’intérêt général et de le considérer comme tel.

L’intervention du Président de la République ne porte pas cette vision moderne, car elle est agencée dans le cadre de l’économie capitaliste qui fait faillite.

Publié dans VIE du PARTI

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