"Militant socialiste, je n'ai pas voté Hollande et je ne le regrette pas"

Publié le par Section Pcf Vierzon

Notre contributeur Xedaib se revendique de gauche mais s'est abstenu au premier comme au second tour de la présidentielle. Six mois après, il n'a pas de regret car François Hollande, "l'homme de la synthèse", ne le convainc pas.

"François Hollande a toujours été, au PS, l'homme de la synthèse: à vouloir tout embrasser, il étreint mal. La "synthèse" n'a jamais été autre chose que le choix de ne pas choisir, le refus de payer le prix de la clarté, l'unité factice autour de rien plutôt que la division préalable à l'unité autour d'une ligne claire" explique Xedaib.

Militant socialiste depuis 2007 (quoique non actif), je n'ai pas voté pour François Hollande en 2012, ni au premier, ni au second tour. Aujourd'hui, six mois après son élection, je ne le regrette pas. 

Il ne s'agit pas, bien sûr, de dire que son élection est une catastrophe. Ce n'est pas le cas. Il ne s'agit pas non plus de regretter que Nicolas Sarkozy n'ait pas été réélu (je suis au contraire bien content qu'il ait été battu). La politique de gauche diffère de la politique de droite en ce qu'elle veut changer l'ordre établi, aller vers plus d'égalité en luttant contre les privilèges, là où la politique de droite, qui considère les inégalités comme un fait naturel, ne veut pas bouleverser l'ordre établi même si elle n'est pas incompatible avec la réforme.  

Le problème, c'est qu'on ne peut se mettre en mouvement que si l'on sait dans quelle direction on doit aller. François Hollande n'a rien dit qui puisse permettre de croire qu'il a une quelconque idée de celle qu'elle pourrait être, et il n'a rien proposé de tel. Il n'a rien proposé d'autre que d'amodier le système actuel pour, à la marge, le rendre plus juste. Ce n'est pas un mal, mais on est en droit d'attendre mieux, voire de l'exiger de la part d'une gauche qui a eu dix ans pour se poser des questions.  

Plutôt que de tenir une ligne politique claire et donc de faire des choix, qui fatalement fâchent une partie de l'électorat, le candidat Hollande s'est complu dans un discours visant à ne fâcher personne en ne faisant aucun choix, avec comme seule aspérité la nouvelle tranche d'impôt à 75%. En conséquence, le président Hollande est amené à faire des choix pour lesquels il a pour seule boussole les normes comptables d'un État qui croule sous les promesses, comme un arbre fruitier qu'on laisserait à l'abandon faute de savoir quoi faire de ses fruits. 

L'homme de la synthèse:

François Hollande a toujours été, au PS, l'homme de la synthèse: à vouloir tout embrasser, il étreint mal. La "synthèse" n'a jamais été autre chose que le choix de ne pas choisir, le refus de payer le prix de la clarté, l'unité factice autour de rien plutôt que la division préalable à l'unité autour d'une ligne claire. De la même manière, François Hollande n'a pas, en tant que premier secrétaire du parti socialiste, mis fin aux potentats locaux, à ces Bouches-du-Rhône qui ont pris en otage la démocratie interne. De ces actes politiques, mais aussi de son rejet initial des primaires ouvertes sous prétexte qu'il craignait que "des gens de droite viennent perturber le scrutin", j'ai déduit qu'il n'était pas un vrai démocrate. Un vrai démocrate place la démocratie au-dessus de tout, et croit en l'idée qu'elle n'est pas seulement le moyen d'améliorer la condition humaine, mais une fin en soi. François Hollande, lui, a toujours lutté pour conserver sa position au mépris de l'intérêt du parti, et du pays, et au mépris de ses militants. 

François Hollande candidat n'a pas été autre. Il a mené, comme je l'avais dénoncé dans une tribune, une campagne qui n'a jamais fait qu'effleurer son devoir de vérité. Aucune réforme structurelle n'a été proposée, ce qui explique d'ailleurs qu'elles le soient maintenant. François Hollande président n'est pas plus réformateur que François Hollande premier secrétaire ne l'était. Et pourtant le problème de la France n'est pas de surface, il n'est pas de forme, mais de fond même, celui d'un pacte social rendu obsolète par une réalité historique ayant évolué et dont le parti socialiste, la majorité et le président de la République ne semblent pas avoir pris la mesure. 

L'homme qui a mené le Parti socialiste à l'aporie:

Je n'ai pas voté pour François Hollande parce qu'il est l'homme qui a mené le Parti socialiste à l'aporie, et parce qu'il n'a pas l'ombre de la réflexion idéologique nécessaire pour mener une politique de gauche. Il fallait faire un choix: voter pour une gauche stérile qui mènerait une politique de centre-droit ou m'abstenir. J'ai décidé de m'abstenir. 

C'est pour cela que je n'ai pas voté pour l'actuel président, et c'est parce qu'aujourd'hui devient évidente la stérilité d'un tel refus de modernité que je ne le regrette pas. La réélection de Nicolas Sarkozy n'aurait pas été préférable pour la France à court terme, à mon sens, et je me réjouis qu'il ait été battu. Mais pour qu'une vraie gauche naisse, il aurait été souhaitable que le parti socialiste ne gagne pas cette fois. Il est aujourd'hui urgent d'attendre, et de préparer le changement en attendant l'inévitable échec de cette gauche qui n'en est plus une.

Par Xedaib.

Publié dans Dans la presse.

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