Point de salut sans réformes radicales.

Publié le par Section Pcf Vierzon

par Pierre IVORRA, économiste:

Loin des rodomontades et des cris de victoire de la droite, la crise creuse son trou. Il faut bien mesurer la gravité du mal qui nous ronge.
Pour le seul premier trimestre 2009, la France a perdu 175 100 emplois salariés, selon Pôle emploi (1), près de 190 000, selon l’INSEE (2). Pour l’ensemble de l’année 2008, elle en avait détruit (seulement, est-on tenté d’écrire) 100 000, c’est dire si l’accélération est brutale.
La production industrielle continue de baisser, elle est retombée à son niveau d’il y a quinze ans !

À la fin avril 2009, le nombre de sans-emploi a augmenté de 25 % en un an bien que la vague des plans sociaux n’ait pas encore atteint les statistiques du chômage. Le nombre d’érémistes a recommencé à croître.
« Il faut poursuivre les réformes », nous dit-on, c’est-à-dire, en fait, continuer à jeter de l’huile sur le feu. À de vraies questions, le gouvernement n’a eu de cesse de donner de mauvaises réponses, mettant en œuvre des réformes qui alimentent la crise.
Le pouvoir d’achat est-il en berne ? Il nous a été sorti de derrière les fagots une loi favorisant les heures supplémentaires.

Le résultat est là : au premier trimestre 2009, celles-ci ont baissé de 11 % par rapport au trimestre précédent, les illusions diminuant d’autant. En 2008, selon l’INSEE, le pouvoir d’achat des Français a bénéficié de « la hausse la plus faible depuis 1996 ».
Il est même en baisse si l’on déduit les dépenses incompressibles (loyer, charges…) du revenu des ménages. Le président du pouvoir d’achat annonçait Grouchy, on a vu arriver Blücher (3)…
La droite a porté à un niveau historique les exonérations de cotisations sociales au bénéfice du patronat, augmentant ainsi la dépense publique inefficace pour l’emploi, les salaires, le développement des qualifications et, dans le même temps, elle vient d’annoncer, pour 2010, une nouvelle saignée de 35 000 emplois dans la fonction publique d’État.
On devrait atteindre presque 200 000 suppressions d’emplois en huit ans alors que le développement des services publics est un outil essentiel de lutte contre la crise sociale, économique, environnementale…

Au-delà des mouvements de menton de Nicolas Sarkozy, toutes les forces sociales et politiques sont interpellées : c’est à leur capacité à proposer et mettre en œuvre des mesures permettant de sortir la France de l’ornière qu’elles seront jugées.
La tâche est considérable, elle ne se réduit pas à la relance de la consommation, elle concerne tout le développement humain : le panier de la ménagère, comme on le disait autrefois, et aussi la ménagère elle-même au travers de ses connaissances, de sa santé, du droit et de la possibilité pour elle de commencer à décider de sa vie.

Cela suppose de s’attaquer aux inégalités, d'obtenir un autre partage de la valeur ajoutée mais également de réformer le système monétaire international, de faire jouer un autre rôle à la Banque centrale européenne. De trouver la juste mesure de réformes radicales.

(1) Dans les secteurs principalement marchands, hors agriculture.
(2) Secteurs principalement marchands et non marchands.
(3)
À Waterloo, Napoléon attendait le général Grouchy et c’est l’Autrichien Blücher qui est arrivé.

Publié dans ECONOMIE

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