« Mélenchon, il va créer la surprise, vous verrez ! »

Publié le par Section Pcf Vierzon

"Votez Front de gauche, Votez Jean-Luc Mélenchon !" Distribution de tracts aux abords du marché de La Courneuve en ce vendredi matin. "Mélenchon, c'est ç'ui qui s'est engueulé avec Madame Le Pen hier soir ?", demande un vieil homme. "J'l'ai vu, elle a rien su répondre, hein, rien du tout !", s'exclame une dame. Un autre, sans s'arrêter, lance : "Lui il était comme ça hier ! (Il lève le pouce en l'air) Elle a fermé sa gueule, hein !" Les militants du Front de gauche eux-mêmes sont surpris d'entendre autant parler du non-débat de la veille entre leur candidat et Marine Le Pen sur France 2. Et ne boudent pas leur plaisir de voir que dans ce quartier commerçant où le vote FN fait ses meilleurs scores sur la ville, c'est visiblement Jean-Luc Mélenchon qui a marqué des points.

Entre les deux parties du marché des Quatre-Routes, les militants distribuent leurs tracts, les mardis, vendredis et dimanches matins. © E.R

Ils sont six à s'être installés ce matin avec 2 000 tracts sur une placette, stratégique parce que reliant les deux parties du marché. "C'est le coin politique !", s'amusent-ils. "Le dimanche, tous les partis viennent tracter là." Tous sont de vieux militants communistes encartés depuis quarante ans ou presque, sauf Monique Delugin, 60 ans, qui a quitté le PC en 2005 et rejoint le parti de gauche à sa création en 2008. "J'ai été très affectée par la baisse du score des communistes aux élections, explique cette retraitée de la fonction publique entre deux 'Votez Mélenchon'. Et j'avais l'impression que le parti ne faisait rien pour changer les choses, je nous trouvais étriqués. Moi j'ai besoin d'être avec des gens qui ne pensent pas tous pareil. Et c'est en ça que je me retrouve parfaitement dans cette campagne du Front de gauche, qui est un rassemblement de différents partis. Le fait que le candidat ne soit pas communiste permet de rassembler plus large, justement. Du coup, je me donne à fond, j'arrête pas !"

Militant PC depuis 1968, Serge Herrero, 69 ans, n'a lui non plus aucun problème avec l'étiquette du candidat : "Là, c'est le Front de gauche mais ce sont toujours les mêmes idées : 'l'humain d'abord' [le nom du programme de Jean-Luc Mélenchon], c'est nos racines !"

Monique Delugin, retraitée de la fonction publique, se "retrouve complètement dans cette campagne du Front de gauche". © E.R

Et "le gros des troupes militantes sont communistes, c'est nous qui apportons notre organisation", précise Odette Fischer. C'est son caddie à course qui sert ce matin-là à planter les drapeaux. Agée de 68 ans, militante depuis 1970, elle a connu les heures de gloire du parti communiste dans ce bastion rouge. "Il faut se rappeler toutes les usines qu'il y avait ici. A cette époque La Courneuve était une ville industrielle : le matin, cette avenue était pleine de gens qui allaient embaucher. La vie militante au parti comme au sein des syndicats était intense. Et puis, les usines ont fermé les unes après les autres", raconte cette ancienne secrétaire. Et les rangs des militants se sont clairsemés. Elle qui n'avait pas voté Jean-Luc Mélenchon lors du choix du candidat reconnaît cependant que cette année il y a quelque chose de différent : "On est peut-être plus optimiste : vous savez, les échecs successifs, ça pèse. Là, je crois que les gens reprennent goût à la politique. Faut reconnaître qu'il a du charisme et qu'il est cultivé."

"Inch'allah c'est lui qui gagne !", lance un quadragénaire en passant. Mais tous ne sont pas si avenant. Peu rejettent en bloc le candidat mais beaucoup accélèrent le pas en regardant ailleurs, avant même de savoir de qui il s'agit. Ce n'est pas le Front de gauche en particulier mais bien le politique en général qu'ils fuient. "C'est très dur pour les gens ces derniers mois, on le voit, on le sent", souffle Monique Delugin.

Une femme prend le temps de s'arrêter, avec ses deux petites filles. "Pas la peine de prendre un tract, pour moi c'est acquis ! Y a plus qu'à prier maintenant ! Mais je pense que Jean-Luc Mélenchon est celui qui va créer la surprise, vous verrez !", prédit-elle. Avant d'ajouter : "J'aime sa manière de parler, il est à notre niveau, il comprend notre quotidien. Lui, on a l'impression qu'il sait ce que c'est, les gens d'en bas." Monique est tout sourire : "Il donne de l'espoir !" Gilles Poux, maire communiste de La Courneuve, a participé au tractage sur le marché. © E.RGilles Poux, le maire communiste de la ville, a rejoint la petite troupe. Pour lui, la différence est nette avec la précédente campagne présidentielle du parti communiste. "En 2007, seuls les gens qui nous appréciaient déjà nous encourageaient. Là, on sent que ça transpire bien au-delà des soutiens traditionnels, c'est beaucoup plus large, a-t-il remarqué. Je crois que dans cette période où les gens sont très préoccupés, il y a une lumière qui clignote ! Et j'espère que ça ira le plus loin possible !"

"On sent un frémissement", confirme également Serge Herrero. "Ma première campagne, c'était celle de Jacques Duclos en 1969 : rendez-vous compte, on avait fait 22 % !, se remémore-t-il. Après on a pris des claques politiquement…" La plus forte fut donnée en 2007, lorsque Marie-George Buffet recueillait, au premier tour de la présidentielle, le plus bas score jamais atteint par un communiste à cette élection : 1,93 %. Les militants ne sont pas dupes : ils savent que, cette année encore, va peser le vote utile pour François Hollande. Dans ce quartier populaire, ils entendent aussi monter le vote Le Pen, chez les vieux immigrés italiens et espagnols notamment. Mais, ils sentent qu'il y a quelque chose à jouer : "On se bat maintenant pour un score à deux chiffres ! La dernière fois c'était... Georges Marchais en 1981 ! Là je crois que c'est possible !"

Tous s'enthousiasment déjà pour le meeting annoncé sur leur tract, place de la Bastille à Paris, le 18 mars, date anniversaire du début de la Commune de Paris. Ils y voient un possible tournant de la campagne. "Des cars sont annoncés d'un peu partout !"

Au contact de la population, les militants sentent monter le vote FN mais sentent aussi qu'un score à deux chiffres pour Mélenchon est "possible". © E.R

BLOG/Ami

Publié dans VIE du PARTI

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